Coup de gueule contre le système médical américain

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Coup de gueule contre le système médical américain

Une fois n’est pas coutume, j’ai besoin d’exprimer ma colère ici. Le système de santé américain n’est vraiment pas terrible, ce n’est pas nouveau. Après quasiment deux ans ici, il me révolte de plus en plus.

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En France, les soins de santé sont un besoin fondamental dont tout le monde profite et il est très facile de s’y habituer. Cela amène bien sûr d’autres problèmes, notamment lorsque les gens vont chez le médecin pour le moindre mal de gorge, alimentant le déficit de la sécu. Avant de vivre aux États-Unis, je me disais que la santé était importante et qu’elle devait être une priorité, quitte à ne pas partir en vacances (la honte de penser comme ça…). Je me suis rapidement rendu compte qu’ici, ce n’est pas santé vs vacances mais plutôt santé vs loyer et manger.

Personne ne nous a forcés à nous installer ici. Après avoir vécu en France pendant quelques années, nous avons choisi de nous rapprocher de la famille de Simon. Nous savions que les soins médicaux en général ne seraient pas donnés, d’autant plus que nous n’avions pas d’assurance au début, Simon n’ayant pas de statut de salarié traditionnel. Nous savions aussi que nous aurions au moins un bébé ici, même si nous n’imaginions pas combien ça nous coûterait réellement.

Nous avons d’ailleurs appris que nous attendions un heureux événement quelques mois après mon arrivée au Texas et nous nous sommes donc penchés sur la question des assurances. La moins chère que nous avons trouvée coûtait déjà environ 400 dollars par mois pour ne couvrir qu’un certain nombre de visites médicales et aucune consultation chez des spécialistes ou autres analyses. Nous avons finalement choisi de payer l’amende de 600 dollars par an pour ne pas avoir d’assurance. J’avais tout de même souscrit une assurance française, qui ne couvrait pas grand chose non plus mais qui m’a au moins permise de ne pas payer ces frais.

J’ai été très contente du centre de naissance où j’ai effectué tout mon suivi de grossesse. Tout le monde y était très gentil et attentionné, de bon coeur j’en suis sûre, mais probablement aussi un peu motivé par le devis qu’on nous avait donné. Bien sûr, le coût de départ ne comprenait pas les prises de sang et échographies. Et bien sûr, au lieu des trois échographies habituelles (en France en tout cas), on nous a vivement conseillé d’en faire une par mois. La sage-femme avait diagnostiqué une insertion marginale du cordon, qui était relié au placenta sur le côté et non au milieu. Il y avait donc un risque, bien que faible, que notre bébé ne reçoive pas assez de nutriments et s’arrête de grandir brutalement, ce qui aurait nécessité une intervention rapide. L’excuse nous a paru valable et nous avons consciencieusement accepté de faire huit échographies qui ont vite fait augmenter la facture.

Je ne sais pas si c’était la bonne décision et je ne sais pas comment ce problème aurait été géré en France. Je peux tout de même dire que, sans être alarmistes pour autant, ils ont un peu joué avec notre peur pour nous faire accepter et payer ces échographies supplémentaires. Je ne vais même pas parler du prix de l’accouchement à l’hôpital, vous pouvez imaginer. Si, je dois le dire tellement cette facture m’a parue insensée : 15000 dollars, qu’ils ont comme par magie fait descendre jusqu’à 2000 dollars car nous n’avions pas d’assurance (sans compter les médicaments, péridurale et soins pour le bébé, tous facturés séparément).

Vous pouvez d’ailleurs lire l’histoire de la naissance de Bastien (en anglais), si ça vous intéresse.

Lorsque Simon a changé de travail pour un emploi salarié avec une assurance, je pensais que les choses seraient plus faciles. Avec près de 400 dollars déduits de son salaire tous les mois, ce serait forcément mieux. Il ne m’a pas fallu longtemps pour comprendre qu’avoir une assurance ne veut pas dire que les soins deviennent plus abordables. Les rendez-vous chez le pédiatre sont relativement bien couverts (à moins qu’une facture nous arrive bientôt !) mais notre petit boy a eu vite besoin de voir un kiné, qui nous a coûté plus de 1000 dollars pour quelques séances. Nous avons donc décidé d’arrêter d’y aller. Je n’aimais pas non plus le fait que le motif des consultations changeait peu à peu. Nous avons commencé les séances pour un problème mineur et nous retrouvions à travailler sur d’autres aspects alors que bébé est en bonne santé et se développe bien.

Avec cette histoire et la façon dont ma grossesse a été traitée, j’ai complètement changé ma façon de penser.

En plus des factures aberrantes, se pose maintenant une question de confiance. Je me retrouve à remettre en question des décisions médicales car les professionnels de la santé sont tout simplement devenus de bons commerciaux.

Il y aurait tellement plus à dire sur le sujet mais je m’arrêterai là. Je ne veux pas me plaindre plus longtemps et je sais que beaucoup d’Américains se trouvent dans une situation bien moins avantageuse. Je ne me rendais simplement pas compte de l’énorme machine à sous qu’est ce système de santé avant d’en faire les frais moi-même. Une chose est sûre, lorsque nous rentrerons en France, nous apprécierons pleinement notre sécurité sociale et ferons en sorte de ne pas en abuser pour que les générations suivantes puissent également en profiter (si ce n’est pas trop tard).

Laure

Laure

French travel lover and expat in Texas | Translator and main writer for A Journey Away travel blog